À quoi ressemblerait un monde dans lequel la notion d’autorité n’existerait plus ? C’est la question que s’est posée Isabelle Cani en lisant le Discours de la servitude volontaire de La Boétie.
À partir de situations quotidiennes, l’auteur, en neuf nouvelles puisant à la source des Chroniques martiennes, plante le décor de ce qui s’annonce comme le premier tome d’une trilogie : ici, ce sont des élèves qui ne mettent plus les pieds au lycée ; là, des vieillards qui fuguent de leur maison de retraite et refusent catégoriquement d’y retourner ; ailleurs, des membres des forces de l’ordre qui n’en font qu’à leur tête, au mépris de la hiérarchie, ou des écologistes qui libèrent brusquement les animaux d’une gigantesque ferme ; ailleurs encore, des clients qui, refusant de se plier aux règles des magasins, mettent en péril la grande distribution…
D’un texte à l’autre, ce qui apparait au commencement comme une suite d’événements mineurs – réjouissants pour les uns, irritants pour les autres – se révèle une lame de fond, qui balaie notre univers familier. Tout est à reconsidérer, à reprendre à zéro. Pire, la raison n’est d’aucun secours, car, au fil des pages, on s’aperçoit que le monde est en proie à un étrange phénomène…
Qu’on ne s’y méprenne pas : le projet de l’auteur ne relève pas de l’anticipation pure. L’ère des indociles évoque un futur très proche et l’auteur, à partir de son hypothèse, s’attache à rester réaliste, ce qui la rend plus convaincante encore.