À feu vif

Après une guerre planétaire dévastatrice qui a modifié la carte du monde, une société émerge, à la fois violente et raffinée, affranchie de toute morale et avide de jouissance. L’homme nouveau, « augmenté », aidé et manipulé par des « puces intelligentes » raffole des transgressions. Une nouvelle cuisine est née, basée sur l’utilisation, en guise de combustible, de livres rares qu’on brûle devant des convives émoustillés. Elle a ses propres cordons-bleus, et c’est l’un d’eux qui prend la parole et raconte sa vie. La dystopie glaçante de Vladimir Sorokine (né en 1955), pilier du postmodernisme russe, fait penser à celle de Houellebecq, à cela près que, chez le Russe, la « bouffe » remplace le sexe. L’auteur est connu pour son imagination débridée, qui ne sert pas toujours son propos. Il n’empêche : cette parabole de la culture partie en fumée fait réellement frémir.